Apaise-toi, mon âme. Apaise tes tourments. Cherche en toi ce point d’équilibre, cet axe, pour reprendre un mouvement en sérénité, comme un mobile musical qui tintinnabule au gré des souffles du vent. Cherche l’inspiration au creux de toi, à l’intérieur de ton corps qui résonne de tant de sensations, de mouvements, de vibrations. Qu’importe si quand on te parle de lumière tu vois en toi un noir brillant, lumineux, car c’est ton énergie comme au cœur des étoiles la matière brûle, comme dans un feu de joie c’est le bois qui se noircit. Tu connais la loi d’entropie qui dit que dans l’univers tout est orienté vers le désordre, et parfois tu te perds toi-même à la recherche de signes, de significations, d’expression de ton désarroi face au monde qui devient pour toi opaque, impénétrable, dur. En réalité le ciment du monde est l’amour, et tu sais que cela n’a rien à voir avec le fait de se ranger. Sache que le monde lit en toi une langue inconnue dont le chiffre échappe. Pour cause de nouveaux noms pour de nouvelles couleurs, pour cause que tu brasses tant d’éléments disparates. Mon âme, ta cohérence est l’amour, l’amant, l’ami. Dans les élans, tu t’engouffres et puis tu oublies, mais dans ce qui te traverse à chaque instant, la rémanence de ce qui est révolu. Tu as cru en la révolution et on te condamna comme contre-révolutionnaire. Depuis, tu as laissé ta révolte de côté et tu t’es tourné vers le trait d’union dans des mots composés au singuliers-pluriel. Un tableau hétéroclite d’éléments disparates. Alors lové au creux du soleil, de la lune et des étoiles, tu laisses une empreinte de pied nu dans la glaise. Laisse le vent chanter son chant libre entre terre et ciel. Laisse-le courber ton mental dont la géométrie est si souvent à angle droit à force qu’on te dise de te tenir à carreau. Laisse le souffler dans ton esprit son lyrisme mélancolique. Alors tu trouveras dans tes labyrinthes des fils de la vierge qui ne sont que toiles tissées par des araignées et qui piègent les illusions pour en faire un tableau, comme des pièges à rêves. Appelle la protection des puissances tutélaires qui veillent sur nous et qui sauront orienter ta course folle et éperdue. Dans l’ambivalence d’un clair-obscur tu verras la nuit tomber et tu apprendras à perdre, à te perdre, et à reconnaître tes erreurs comme les plus belles bêtises que tu aies jamais commises, et qui sont les ornements de ta sagesse.