Disponibilité / (Re)connaissance / Accrocher / Écoute /Toucher / Calme / Attention / Silence / Fixer / Compréhension / Bienveillant / Choisir
Je ne sais plus comment me rendre disponible. Je cherche dans le silence à écouter. J’entends les bruits de la ville, les moteurs, les travaux, toute cette activité quotidienne à laquelle je ne participe pas. Je suis là, dans le calme, assis sur mon banc, je fixe mon esprit sur la page où j’écris, je suis attentif au moindre mouvement, au moindre cri, à la moindre exclamation. Quand je suis ainsi au monde, le monde est bienveillant. Je choisis de travailler ma présence par l’absence d’acte ou de mouvement. Chacun me reconnait pour ce que je suis, un homme sur la banc de touche.
Si je pouvais être…
Si je pouvais être quelqu’un d’autre. Non pas d’autre statut, d’autres capacités, d’autres compétences, d’autres revenus, d’autres enfants, d’autre femme, d’autre chat, mais juste si on pouvait me laisser tranquille avec cette identité. Je voudrais changer de nom, changer de pays, changer de religion, changer d’histoire. Une histoire qui n’est déjà plus la mienne depuis longtemps, et qui disparaît petit à petit sans laisser de traces. Si je pouvais savoir qui je suis, une bonne fois pour toutes, si je pouvais arrêter de tanguer, d’osciller, de faire le pendule à tenter de savoir quelle est la direction, quelle est la réponse, où je me cache. Et pourtant, irrémédiablement, j’ai la même colère, le même besoin de me distancier, la même quête de paix. Et, irrémédiablement, la même foi, le même espoir, la même poussière d’étoiles qui brille dans les yeux, les mêmes ridules du rire.
Si je pouvais enfin écrire mon histoire, si je pouvais sortir de l’ornière, si je pouvais décoller de ces repères qui me tiennent cloué au sol.
Et si je pouvais simplement être moi-même, en toute complétude.
Le rêve est un lieu.
Le rêve est un lieu d’égarement, un lieu de fuite, un non-lieu, un manque de responsabilité, une tangente, une absurdité, un lieu vide. Pendant le sommeil paradoxal mes yeux tournent dans leur orbite, et je ne trouve aucune indication, aucun repère, aucune révélation. Mais si je crée, je rêve pendant que je crée, je rêve éveillé, et mon rêve devient réalité.
Liberté coupable.
Je ne suis pas radicalement libre, ni tout à fait coupable. Je suis même complètement naïf, et dans mon innocence, j’invente de subterfuges pour oublier la case où on me demande de laver ma conscience. Mais pour me libérer tout à fait, j’ai besoin de renoncer aux subterfuges, aux plaisirs instantanés qui ruinent mon existence. Je change et je ne change pas : reste intacte ma soif de pureté.
Ce qui vient au monde pour ne rien bousculer ne mérite ni égards, ni patience. René Char.
Ce qui vient au monde pour ne pas être bousculé, sans égards, ni patience, ne mérite pas la Paix.