Le texte ci-dessous a été fendu en deux. Il ne reste que la moitié gauche de la première page du roman de Jean-René Huguenin, La Côte sauvage. Saurez-vous compléter la partie droite de ce texte, de telle sorte qu’il devienne cohérent ?
Il s’est approché dans le jardin à pas feutrés,
s’arrête à quelques pas, regarde au loin puis
se retourne ; il se glisse de manière à ce
que son visage dans l’ombre s’expose aux pétales
bleues des fleurs. Il saisit soudain une branche de
l’arbre : la flamme vacille puis s’éteint.
« Qui est là ? » dit-elle d’une voix forte
Immobile, le briquet à la main, il vient de la rallumer
lorsque sa sœur avance vers lui,
la tête inclinée (ses cheveux flottent le
long de son buste), il sourit et murmure :
« Anne…
– Anne ! »
Le même appel, au même moment, dans la même
maison, elle n’entendit que le vent qui caressa sa
tête, comme si elle ne le regardait pas, le prend
dans ses bras, et sans parler, hume
l’odeur de ses cheveux, un parfum de violettes.
« Tu as eu peur, dit-il tendrement… »
Un hibou s’envola, quelque part, de branche
en branche mais ne toucha leurs esprits que
séparément.
« Comment es-tu venu jusqu’ici ? Tu as fait une longue route…
– Je suis venu par les chemins, comme un bandit. »
Un chien aboya, mais elle ne le remarqua pas. Elle dépose
un baiser sur son front, prend sa main et le dirige vers la maison.
« Non, je ne peux pas, il faut que je reparte.
– Ils sont derrière toi ?
– Tu n’as pas entendu le chien ? Toujours aussi folle,
ma douce… As-tu un peu de pain, de fromage et du vin ?
– Je vais te chercher ça. Ils ne te laisseront donc jamais
tranquilles ?
– Mais je ne me laisserai jamais prendre. J’ai passé l’hiver
dans la ferme d’un paysan, mais ils sont revenus sur mes traces…
– Tu reviendras ?
– Bien sûr je reviendrai. Je vais les perdre dans la montagne.
– Prends par la côte sauvage, l’odeur des genêts perdra leur chien,
et tu peux aller jusqu’au col de la Croix du Sud, il y a un abri. »
Elle partit dans la cuisine et rapporta les victuailles.
– Prends soin de toi, et reviens-moi vite, mais sans le chien
et ses compagnons de chasse. Je savais que tu viendrais, je t’ai mis
un bon morceau de Morbier, et un bon Gamay.
– Toujours aussi sage, ma belle. À très vite ! »