Corps imbriqués, entremêlés, juxtaposés, entassés, masse charnelle grouillante, un homme mord n sein, pelures d’hommes, un homme mord un sein, grain de la terre – grain de la peau, c’est ainsi, à l’horloge du monde, que les hommes se resserrent, se rassemblent, chantant dans le grain de leurs voix la poussière d’étoiles qui ensemença Gaïa. C’est ainsi, à l’horloge du monde, que l’on craint que le temps ne s’arrête. C’est ainsi, à l’horloge du monde, que l’on chante l’espoir d’une seconde réitérée.
Le son de l’âme qui émane des tréfonds de nos espaces internes n’est rien autre qu’un silence. C’est quand je me tais que je voudrais que l’on m’écoute. Et ici encore je voudrais me taire. Il faudrait le murmure de l’eau, le chant des oiseaux, le souffle du vent pour trouver la juste note de ce rêve, qui se déroule comme une lame de fonds qui reflue. Qu’elle m’emporte loin, que je roule sur le sable, que je roule jusqu’au désert, que je m’efface rose des sables.
Je suis un masque. Je suis un masque à porter pour la contemplation de l’autre versant, par-delà l’abîme du monde. Je suis un masque pour se perdre, je suis un masque pour se retrouver. J’indique que par delà ce que tu vois, ce que tu sens, ce que tu entends, ce que tu touches, ce que tu goûtes, ce que tu ressens,, il est encore des dimensions inconnues que tu peux construire, imaginer, rêver.